Daniel Levy chemisier : l’élégance made in France

Tu le sais, j’adore découvrir de nouvelles maisons, en particulier lorsqu’elles ont un vrai propos et ne sont pas une resucée des mêmes produits et discours marketing préformatés. En général, le meilleur moyen de découvrir ce genre de maison, c’est de se fier au bouche à oreille. C’est mon ami David de la maison Reflets de Cuir qui m’a conseillé de contacter Daniel Lévy, certain que je serais séduit par son univers. Et devine quoi ? Ça n’a pas raté ! J’ai très rapidement été convaincu par le produit, l’univers et le créateur.

Au cas où tu aurais un doute, nous allons parler de chemises…

Daniel Lévy, c’est qui ? C’est quoi ?

C’est après plus de vingt ans dans le monde du sur-mesure que Daniel Lévy décide de se lancer dans une nouvelle aventure. Il s’installe en 2015 dans une ancienne galerie d’art sise rue du Cirque en plein centre de Paris afin de proposer à sa clientèle un produit d’exception. Une chemise grande mesure confectionnée dans un atelier français.

C’est tout ? Oui c’est tout. Et pourtant c’est déjà énorme. Déjà parce qu’en France la chemise ne jouit pas du même intérêt de la part des amateurs que le costume. Sous prétexte que dans une époque lointaine et qui ne concerne plus personne celle-ci était considérée comme un sous-vêtement (il est temps d’ouvrir le débat sur les sous-vêtements sur-mesure…). Et pourtant… Avec le temps et les différentes évolutions de la société, la chemise s’est faite plus visible dans le vestiaire masculin, j’aurais même tendance à dire qu’elle est devenue, avec le pantalon et les souliers, primordiale, puisque ce sont des pièces que l’on est amené à porter tous les jours de l’année. Ainsi, proposer une offre de chemise de qualité (je reviendrai là-dessus plus bas) est tout autant courageux que vital pour le gentleman moderne.

Le maître des lieux, accompagné du plus dandy des coqs parisiens

Ensuite le made in France… Un sujet qui mériterait plusieurs articles à lui tout seul. Mais pour simplifier si je suis un ardent défenseur du made in France, ou à défaut du made in Europe, je regrette aussi lorsqu’il sert d’alibi à un produit mal fait, mal vendu, incohérent. Heureusement, tu t’en rendras compte ce n’est nullement le cas ici, et nous pouvons donc profiter pleinement du fait que les chemises retirées rue du Cirque soient fabriquées pas si loin de chez nous, par des salariés bénéficiant des mêmes droits et avantages que nous, et qu’en plus, le produit ne faisant pas six fois le tour de la Terre pour arriver jusqu’à nous, son impact écologique est favorable ! Que de bons points !

Mais ce n’est pas tout ! Ce serait trop simple. Après tout, Daniel Lévy faisant fabriquer ses chemises par un atelier, tous ces avantages ne peuvent suffire à eux seuls à justifier un achat, ils ne sont pas assez différenciants. Qu’est-ce qui fait qu’alors que le produit n’est pas exclusif, on vient précisément le chercher ici ? Eh bien c’est avant tout une question d’expérience client. On est fidèle à une boutique/marque parce que l’univers qui a été créé pour la promouvoir nous correspond, parce que le relationnel avec le créateur est aisé, et que sa vision du style est en accord avec la nôtre, ce qui permet de trouver ce qu’on cherche, à tous les coups. Et c’est exactement ce qui se passe lorsqu’on entre chez Daniel Lévy. L’endroit est charmant, élégant, sophistiqué sans trop en faire. La décoration fait la part belle au produit, mais aussi à de magnifiques photos noir et blanc rappelant à la fois l’histoire du lieu (ancienne galerie d’art je le rappelle), mais aussi le fait que l’élégance ne passe pas que par une chemise bien ajustée, mais aussi par la culture. J’ajoute enfin que même si le made in France est ici totalement assumé, valorisé et porté en étendard, il n’en est pour autant ni dogmatique ni snob (contrairement à un certain nombre de marques, même bas de gamme…) , mais promu avec  panache, comme le prouve le coq majestueux qui trône en plein milieu de la boutique. Il faut faire de la chemise made in France parce que c’est beau, et parce qu’elle a son histoire (il est bon de rappeler qu’avant la maison de luxe, Jeanne Lanvin était chemisière).

Ajoutons à cela l’accueil chaleureux et l’élégance impeccable du maître des lieux, et on comprend pourquoi de nombreux élégants viennent se fournir rue du Cirque. C’est finalement peut-être ça, le talent caché de Daniel Lévy, avoir réussi à matérialiser ce que beaucoup cherchent à théoriser depuis longtemps sans y parvenir : l’élégance française…

La décoration du lieu, entre offre actuelle et souvenirs de l’activité précédente

La chemise sur mesure

Mais trêve de considérations philosophiques, parlons maintenant du produit. Parce qu’après tout c’est lui le juge de paix. Comme tu es sensé t’en douter, le produit phare de la maison c’est la chemise. Une chemise sur-mesure bien sûr. Je ne parle pas ici de demi-mesure, mais bien de sur-mesure, c’est-à-dire qu’à la suite de la prise des mesures, celles-ci sont transmises à l’atelier qui les transforme en patron et réalise une première pièce d’essayage dit « sur toile », c’est-à-dire qu’on assemble une chemise avec une « toile » bas de gamme, qui va permettre de vérifier ce que donnera la chemise finale portée, et donc de faire les modifications nécessaires au patron afin d’arriver à la coupe idéale, le tout sans gâcher les magnifiques étoffes qui serviront ensuite à réaliser les chemises finales. Ce processus, bien que plus long qu’une simple adaptation de patron de prêt-à-porter sans essayage intermédiaire, est une garantie quant au résultat final. Il faut compter environ 4 semaines avant de revenir pour l’essayage intermédiaire puis encore 4 semaines avant de recevoir l’objet de tous nos désirs. Deux fabrications sont possibles, la première correspondant à la manière classique de faire une chemise en France est impeccablement réalisée à la machine, la seconde, plus proche des tendances actuelles laisse la part belle aux passages main pour les amoureux de l’imperfection humaine

Un produit très qualitatif, extrêmement bien fini, avec des matières de qualité, de quoi satisfaire tout amateur

Evidemment, les possibilités de personnalisation sont énormes et Daniel sera toujours de bon conseil pour aiguiller le client profane ou hésitant (quand on possède 150 chemises, choisir le prochain col peut s’avérer être aussi complexe que pour la première). Pour les tissus, le choix est aussi vaste qu’on peut le souhaiter, on y trouve les plus grands noms du domaine (à commencer par David & John Anderson, fer de lance du groupe Albini), et toutes les matières (lin, coton…) et tissages possibles. Impossible de ne pas trouver son bonheur.

Une chemise sur-mesure permet aussi de s’autoriser quelque fantaisie

En plus de cela, tu trouveras dans la boutique toute une gamme d’accessoires made in France pour agrémenter tes tenues : mi-bas, cravates, boutons de manchette en écaille de tortue, tout est beau et bien fait, on ne peut être déçu.

La maison propose une belle gamme de cravates elles aussi made in France

Retour d’expérience

J’ai la chance d’avoir une (pour l’instant) chemise Daniel Lévy dans mon vestiaire. J’ai testé l’offre standard (sans les passages main) à l’occasion d’un projet de chemise estivale.

A l’époque de la commande (et encore maintenant), mes envies se dirigeaient vers : des tissus portables l’été, des rayures pas trop sobres, une attirance sans bornes pour le lin. Très rapidement Daniel m’a orienté vers les liasses de tissus mélangés coton et lin de la maison S.I.C.TESS. Peu connue même chez les amateurs, S.I.C.TESS. est une marque de tissus fondée en 1924 avec un seul but fabriquer les meilleurs tissus de chemise. Près de 100 ans après, elle est devenue la marque haut de gamme du groupe Monti. J’avais déjà fait faire une chemise dans un magnifique oxford de la même maison, et ai donc jeté mon dévolu sur une rayure bleue assez classique quoique bien large. Autant le dire tout de suite, ce tissu est une merveille.

Ah que le choix a été compliqué! La série 1151 était tentante…

Pour le reste de la conception de la chemise, le type de poignets ne varie presque jamais avec moi, poignet tailleur uniquement. En revanche nous avons eu deux discussions intéressantes à propos du col. Tout d’abord, quel col choisir ? J’hésitais à me laisser tenter par le malin, pardon par un col boutonné, très en vogue et plutôt recommandé pour une chemise estivale pouvant être portée sans cravate. Pourtant Daniel me répond que dans un tel contexte, un col cutaway (très ouvert) peut aussi être une excellente alternative. Intrigué par cette remarque qui sort de ce qu’on peut lire un peu partout (et ravi à l’idée de m’éviter de faire la même chose que tout le monde) j’opte donc pour le col ouvert ! Vient ensuite le moment le plus intéressant de cette commande. Alors que nous discutons du col je précise avec baleines amovible (évidemment me diras-tu), mais c’est alors que Daniel me dit que ce n’est pas si évident que ça, en particulier parce qu’il connaît bien son atelier, et que lorsque les baleines ne sont pas amovibles, celles-ci sont avancées un peu plus afin d’être cousues avec le col. Cela permet d’éviter qu’elles bougent avec le temps, mais aussi (et c’est là que ma curiosité s’éveille) que la pointe de col ne rebique. Et ça… c’est un argument coup de poing ! J’irai donc sur des baleines non amovibles, en désaccord total avec l’ensemble de la sphère sartoriale, pour mon plus grand plaisir.

L’essayage sur toile permet de corriger les mesures, et de confirmer les préférences, notamment en longueur de manche

Quelques semaines après je recevais le produit fini. Pour ce qui est du packaging, élément important de l’expérience client, rien à redire, la magnifique boîte sobre renferme une photo du coq symbole de la maison, le produit est bien emballé et protégé, le top de ce qui se fait.

après une courte attente le précieux arrive enfin…

Pour la coupe, tout est parfait, il faut dire que l’essayage intermédiaire est un vrai réconfort tant il permet d’éviter les mauvaises surprises. Afin que la chemise ressemble le plus possible à mon idéal, j’étais venu le jour de la prise de mesures avec la chemise que je considérais comme m’allant le mieux. C’est une bonne habitude à prendre, ça permet de montrer de manière beaucoup plus concrète nos attentes, en particulier lorsque la mesure dépend du goût du client (je pense à la longueur de la chemise, ou à la longueur des manches).

N’oublie pas, limite le nombre de motifs de ta tenue…

Quelques mois ont passé (de confinement certes), et c’est une chemise que je mets très régulièrement, idéale pour la saison chaude je ne me prive pas de la porter toute l’année tant le tissu est agréable (et la coupe réussie), je suis conquis !

Une adresse de référence

Je suis un homme privilégié, je vis à Paris, et peux facilement avoir accès à une multitude de magnifiques boutiques. Si je continue d’en chercher/découvrir, c’est par passion pour le vêtement certes, mais aussi parce qu’elles augurent toujours d’une expérience humaine qui vaut le voyage. Alors, si au hasard d’une séance de léchage de vitrines rue Saint-honoré (La boutique F.P Journe fait l’angle, n’oublie pas de vérifier l’épaisseur de ta future montre pour la mesure de ton poignet de chemise) ou d’un rendez-vous présidentiel, je ne peux que vivement te conseiller de quitter les grandes artères de la capitale pour rejoindre la discrète rue du Cirque, et te laisser tenter par l’agréable expérience de la chemise sur mesure ! Tu en ressortiras bien habillé, et tu auras peut-être percé un petit peu du mystère qui se cache derrière l’idée de style français.

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